mercredi 25 mai 2016

Le Mystère de l'Eglise intérieure

Le mystère de l’Eglise intérieure de Jean-Marc Vivenza, Editions La Pierre Philosophale.

Une nouvelle fois, Jean-Marc Vivenza vient explorer la théosophie saint-martinienne en sa dimension la plus intime. Comme souvent dans les travaux de Jean-Marc Vivenza, il y a deux livres en un, le premier fait d’une mise en perspective ou en écho de textes de référence et en premier lieu ceux du Philosophe Inconnu, Louis-Claude de Saint-Martin, le second constitué d’un appareil de notes où domine le regard origéniste de l’auteur.
Ce livre prolonge et approfondit trois livres précédents de l’auteur, disponibles chez le même éditeur : L’Eglise et le sacerdoce selon Louis-Claude de Saint-Martin – Le culte « en esprit » de l’Eglise intérieure et Pratique de la prière intérieure. Ce quatrième volume aborde la dimension métaphysique et ontologique de l’œuvre du Théosophe d’Amboise. Au centre de sa doctrine, cette question : « faire naître Dieu en nous », fondement d’une mystique de l’interne ou de l’intime qui n’est pas sans rappeler la divinisation de l’être humain chère à l’orthodoxie.



Il est d’abord question du mystère de « l’Eglise intérieure », cette « communauté de lumière » qui, nous dit Jean-Marc Vivenza, « a été révélée au Christ lors de sa venue en ce monde, quoique cette assemblée soit demeurée cachée et préservée bien avant l’Incarnation, et dans laquelle se trouvent conservées la vraie religion, la pratique du culte, la prière silencieuse d’abandon, l’oraison passive de recueillement, et, principalement, les connaissances mystérieuses réservées aux élus de l’Eternel ».
Il existe ainsi un « dépôt primitif de toutes les révélations » à la fois source et phare des petits et grands mystères et, avec plus de précision encore, un « double mystère qui nous lie aux choses divines, et qui lie les choses divines avec nous » (…) qui débouche sur la réalisation d’un troisième mystère, le « Grand Mystère », qui est celui de la « génération de Dieu en nous », par un processus méta-ontologique absolument saisissant, dont la sublimité relève des plus hautes régions de l’Esprit », ces trois mystères formant une « triple Croix » à laquelle, d’ailleurs, correspond également une « triple couronne ». »
« Ce « Grand Mystère » ajoute Jean-Marc Vivenza, ouvre donc sur une dimension proprement « ontologique », car en fait l’ordre au sein duquel se situent les questions relatives au sacerdoce « en esprit », participe d’une région où « l’Être » et le « non-Être » entretiennent, depuis toujours, un rapport étroit, ce qui a pour conséquence de placer l’âme au cœur d’un enjeu considérable qu’il n’est pas évident de déceler derrière le rideau opaque des apparences de la réalité matérielle. »
Cette approche non-duelle et même, in fine, ni duelle ni non-duelle, pointe vers la finalité de toute initiation, de toute tradition.
La pensée de Jean-Marc Vivenza au sujet de cet impensable se déploie en trois grands moments : La substance du mystère – La doctrine de l’Eglise intérieure – La naissance de la Divinité dans l’âme à partir du « néant ». Les nombreuses annexes proposent des regards croisés sur ce sujet essentiel, ceux d’Origène, de Lamennais, de Franz von Baader de Jacob Boehme, de Saint-Martin bien sûr.
La matière est dense, les entrées nécessairement multiple, pour un unique objet : la Réintégration, un unique moyen, le Silence. La voie saint-martinienne appelle, avec l’élégance et la discrétion insistante si coutumières dans l’œuvre de Louis-Claude de Saint-Martin, à un renversement, une conversion, un saut (et un sceau) salutaire dans le vide qui n’est que plénitude.