dimanche 14 septembre 2014

Pierre Dujols : La Chevalerie amoureuse



La Chevalerie amoureuse. Troubadours, Félibres et Rose-Croix de Pierre Dujols de Valois. Editions Le Mercure Dauphinois.
Voici une réédition très attendue. Ce livre, publié en 1991 par la Table d’Emeraude, était devenu aussi recherché qu’introuvable. Le texte de Pierre Dujols traite de la Chevalerie amoureuse (ou errante) selon l’hermétisme, du mouvement des Félibres qui voulut « rendre à la Provence son ancienne splendeur, en particulier par un renouveau créatif de la langue et la littérature d’Oc », et d’une philosophie ou d’une métaphysique du brouillard.



Dans son introduction, Jean-François Gibert avertit le lecteur sur les modalités de l’écriture de Pierre Dujols :
« Analogiquement aux écrits hermétiques, le manuscrit de Dujols comporte plusieurs niveaux d’accès. La règle est générale de ce procédé dans la littérature ésotérique de qualité. L’auteur y utilise une formulation cabalistique qui n’a rien à voir, disons-le en passant, avec la kabbalah judaïque. Celle-ci, issue d’un monde fermé sur lui-même, utilise des procédés très spécifiques et qui valent uniquement pour la sphère restreinte de l’hébraïsme. Au contraire, la vision de Dujols emprunte la voie grecque ouverte à la liberté et l’universalité. »
Il parle d’une antique révélation toujours accessible par une herméneutique qui, de la Perse, de la Chaldée, de l’Egypte au monde alexandrin et de l’hermétisme au monde médiéval, véhiculait les idées forces de la tradition primordiale. »
Pierre Dujols manie brillamment la langue des oiseaux. Il dit sans dire tout en disant. Au lecteur de lire sans lire tout en lisant. C’est que l’enjeu est de taille comme le rappelle Jean-François Gibert. Si nous sommes, formellement, à la croisée du templarisme, du catharisme, de l’ismaélisme et de quelques autres prétendues hérésies, il ne s’agit là que des indices d’une connaissance aformelle.
« Dujols est gnostique. Il a évité, cependant, d’être par trop polémique. Il eut été pourtant en droit, dans ce texte, de s’interroger sur les origines de la répression qui frappa jadis ses prédécesseurs spirituels ; de démontrer, à partir de son extraordinaire culture, que le jeune initié égyptien Isa, fils de Mariam, plus connu sous le nom de Jésus, fut revêtu par des sectaires de tous les attributs d’Attis, de Dionysos, d’Hermès, etc., chose qu’il ne demandait pas ; que le Christ qu’il devint fut, peut-être, crucifié parce qu’il déçut une bande de fanatiques et de zélotes attendant un roi-messie qui leur donnerait le pouvoir dans le monde ; que son message, enfin, fut déformé par le rabbin de Tarse et par trois rédactions évangéliques qui judaïsèrent celui qui venait pour couronner le savoir et la sagesse antique, et poser les bases de cette chevalerie dont notre auteur nous montre qu’elle a traversé le temps et les persécutions des usurpateurs. »
La lecture du manuscrit de Pierre Dujols est aidée des commentaires de Jean-François Gibert, qui dans un pas à pas à la fois méta-historique et méta-linguistique, poétique et hermétiste aussi, introduit à une mystérique de la langue sacrée que maîtrisait parfaitement Pierre Dujols, ou, plus exactement d’un rapport sacré et secret entretenu avec la nature créatrice de « la langue double ». Le texte de Dujols intéresse aussi bien au laboratoire que dans une dimension interne tant la langue, rendue consciente, véhicule la grammaire qui édifie les mondes en l’instant-même.
Editions Le Mercure Dauphinois, 4 rue de Paris, 38000 Grenoble, France.