jeudi 14 novembre 2013

La lumineuse Ténèbre


Va sans voie. Recueil de textes sur la Lumineuse Ténèbre par Marie-Ange Seulen, Michel Cazenave, Jean-Marc Tapié de Céleyran, Editions Arma Artis.

Thème essentiel, transversal à nombre de traditions, pointant vers les métaphysiques non-duelles, la « ténèbre divine » aborde non seulement la question des enantiodromies mais aussi de renversements « verticaux ». La « ténèbre divine » évoque le jeu divin du néant et de la plénitude, du rien et du tout. Elle exige le silence comme mode opératoire, comme demeure et comme essence. Elle rend compte d’un mystère et d’une mystique tout à la fois, plénitude du Grand Rien, néant souriant de Dieu.

Les trois auteurs se sont restreints, avec sagesse, au christianisme.

Michel Cazenave évoque un chemin des ténèbres de Dieu, plus direct peut-être que tout autre : 

« Toutes choses qui d’évidence, dérivent de la Cabale et de ses considérations sur l’aleph divin qui précède le beth initial de la Genèse – et où l’on introduit une différenciation entre un aleph tenebrosum (Dieu comme ténèbre) et un aleph lucidum (Dieu comme lumière), étant bien entendu que c’est toujours l’aleph de l’Aïn Soph. Autrement dit, et comme s’en est expliqué cet immense théologien qu’était Miguel de Molinos dans le Guide spirituel : « Sache que le chemin des ténèbres est le plus profitable et le plus parfait, sûr et droit, parce que le Seigneur y loge son trône : « Il mit autour de lui des ténèbres pour son voile » (Psaumes, 18, 12). Par les ténèbres, la lumière surnaturelle croît et grandit. » »

Michel Cazenave convoque Plotin, Maître Eckhart, pseudo-Denys, saint Jean Chrysostome, Jean de Bernières, Hadewijch d’Anvers, entre autres, et bien sûr Marguerite Porete lorsqu’elle « invoque le « Néant », lorsqu’elle parle de theosis, c’est-à-dire de devenir ce que Dieu « est » (un pur rien), lorsqu’elle avoue que, parvenue à un certain état, elle n’a plus envie de rien, même de Dieu… »

Nos trois auteurs nous offrent des perles de mots choisis, extraits des textes les plus puissants qui soient sur ce sujet qui vivifie les traditions chrétiennes : Le Cantique des cantiques, saint Paul, saint Thomas, Philon d’Alexandrie, Grégoire de Nysse, Denis l’Aéropagite, Isaac le Syrien, Symeon le nouveau théologien, Hadewijck d’Anvers, saint Thomas d’Aquin, Angele de Foligno, Marguerite Porete, Maître Eckhart, Tauler, Madame Guyon, Malcom de Chazal, etc.

Ecoutons justement Malcom de Chazal :

« Où il y a FEU, la LUMIERE IMMANENTE qui est Dieu invisible sous le masque de la Nuit, se rend visible par réflexion. Où il y a Amour, où il y a feu, l’Absolu donne sa lumière réfléchie en don de Vérité – en réflexion, parce que la LUMIERE, VISAGE DE DIEU, est inatteignable, invisible, impensable, inconcevable, invivable, et c’est la Nuit, Visage fait invisible du DIEU-LUMIERE, LUI que nul œil n’a vu et ne verra jamais.

LA LUMIERE est là, mais ELLE se manifestera à tout jamais sous le Masque de la Nuit. Nous savons que cette LUMIERE est là, par le contact de sa PRESENCE, présence de la Nuit, Infinie Lumière, Dieu, qui embrasse, qui tient, qui enlève, qui baigne, qui lave, qui sauve, - symbole de la Joie et corps de Résurrection. »

Ce n’est certes point un hasard si le poète mauricien, qui fascina tant et André Breton et Sarane Alexandrian, vient clore cet ouvrage précieux.. Il sut, avec art, jouer de la langue pour exprimer ce que la langue ne peut, ne pourra jamais énoncer.

Editions Arma Artis, BP 3, 26160 La Bégude de Mazenc, France.

vendredi 13 septembre 2013

Le Grand Manuscrit d'Alger (suite)


Le Grand Manuscrit d’Alger, Tome 2, Georges Courts, Arqa Editions.

Après la parution du premier tome de ce Grand manuscrit d’Alger ou Livre Vert, texte devenu mythique qu’il convient de remettre à sa juste place, c’est-à-dire celle d’un ensemble d’apports techniques à la pratique des Elus Coëns, qui vient contribuer à la compréhension d’autres documents, notamment ceux du Fonds Z, ce deuxième volume était très attendu.

Le 2ème jour de Roch Hachana 5759[1], Robert Amadou a signé une note confidentielle importante, intitulée « Opérons-donc »[2], destinée aux membres des différentes branches en activité de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers, note par laquelle il rappelait que le sens même de l’ordre résidait dans ses opérations. Lassé de ces prétendus élus coëns qui, par paresse ou par peur, se refusaient à opérer, il prétendait alors rappeler à l’ordre, c’est-à-dire à la chose. La chose des élus coëns peut s’entendre comme la cause, originelle et ultime, l’alpha et l’oméga, mais aussi comme l’autonomie suprême, le principe, la sagesse manifestée, le logos, le Verbe, la Vierge Marie, la Shékinah, le Saint-Esprit et l’Esprit saint d’Hély (ou Rhélys chez Martinès de Pasqually) ou encore du Christ, l’Être de l’être de la métaphysique.

Tout un chacun est élu. Cette élection devient particulière par une règle de vie rigoureuse, une ascèse singulière, exigeante, qui conduit à un état d’être, sinon l’état même de l’Être, qui modifie favorablement et durablement les rapports avec les objets extérieurs. Ces rapports d’opacité doivent se transformer en rapports de transparence, laissant ainsi entrevoir l’axe feu central. Cette singularisation par l’ascèse, par la présence, prédispose à l’opération. Mondains s’abstenir ! Opérer en tant que « personne », « ego conditionné », c’est se leurrer et leurrer ses compagnons. La technicité théurgique exige le silence du « moi ». Le désir, indispensable, qui émerge alors, est le désir de la chose pour elle-même, la puissance de la réversibilité ou de la réintégration

La clé de l’étude et, surtout, de la mise en oeuvre des textes rassemblés ici réside dans la saisie de l’esprit à travers la forme et dans le respect non conditionné de la forme au sein de l’esprit. Lévinas nous a enseigné que l’important n’est pas ce que veut dire un texte mais ce qu'il peut dire.

ARQA Editions – T E. Garnier, 29 bd de la Lise, 13012 Marseille, France.






[1]L’année 5759 du calendrier hébraïque a commencé la veille au soir du 21 septembre 1998 pour s’achever le 10 septembre 1999.


[2] En référence à la phrase de Louis-Claude de Saint-Martin : « Nous ne sommes ici que dans l’opération, opérons donc. »

 

vendredi 9 août 2013

Le RER de Jean-François Var


La Franc-maçonnerie à la lumière du Verbe. Le Régime Ecossais Rectifié de Jean-François Var, collection Bibliothèque de la Franc-maçonnerie, Editions Dervy.

Jean-François Var est un franc-maçon rectifié bien connu et un prêtre orthodoxe. Sa pensée est constituée d’un alliage philosophique et spirituel né de cette double expérience. Préfacé par José A. Ferrer Benimeli, spécialiste des relations entre Eglise et Franc-maçonnerie, l’ouvrage de Jean-François Var développe une sorte de religiosité du Régime Ecossais Rectifié quelque peu enfermante mais tout à fait intéressante en tant que chemin spirituel.

Son premier mérite est, dans un exorde précis, d’éclairer le lecteur sur ce qui fonde sa pensée et sur son intention. Se démarquant de René Guénon, de sa « métaphysique athée » comme de Jean Tourniac, et de son affect », deux personnalités et deux œuvres qui auront toutefois marqué son cheminement, Jean-François Var met aussi en garde contre la tentation templière et propose une doctrine à travers douze conférences, douze textes, qui, précise-t-il « forment chacun un tout, et chacun doit être considéré comme tel, indépendamment des autres ».

Jean-François Var développe et revendique un « parti pris ». Il positionne la Franc-maçonnerie chrétienne dans le cadre de l’illuminisme qui donne sens à l’expression Les Fils de la Lumière. Il évoque les quatre enseignements de la doctrine rectifiée et insiste sur  la fonction de la Résurrection du Christ dans le processus de Réintégration. Il dénonce les sectarismes, à juste titre, se méfie des « ésotérisants » et répète que seule l’initiation chrétienne est complète. Et là, comme souvent, naît l’ambiguïté. La proposition est recevable dans une perspective non-duelle qui traverse toutes les formes y compris les formes chrétiennes. Elle ne l’est plus dès lors qu’il y a identification dualiste à la forme. Tantôt Jean-François Var semble manifester l’œuvre des « vivants », de ceux qui participent du Christ et reçoivent l’Esprit Saint, quelle que soit les chemins traditionnels empruntés, tantôt il fait le choix de la théologie plutôt que de la théosophie (s‘appuyant parfois à contre sens sur Robert Amadou). Néanmoins, la partie centrale de l’ouvrage, consacrée à L’initiation et le Christ, peut réellement nourrir le processus initiatique dès lors qu’on ne tombe pas dans un nouveau dogmatisme.

L’auteur rappelle la fonction du Régime (ou Rite) Ecossais Rectifié, voulu par Jean-Baptiste Willermoz : celle de « conservatoire «  de la doctrine de Martines de Pasqually et de son Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers qu’il définit comme « un lieu où, non seulement on sauvegarde et on préserve, mais aussi on enseigne et on pratique, donc on transmet et on perpétue, une tradition vivante ». Il nous parle d’une « science de l’homme », d’un art initiatique, d’une méthode qui réduit la distance à notre origine. Sur cette méthode, il convient de s’interroger. En effet, s’il s’agit de conserver la doctrine des Elus Coëns basés sur une pratique opérative de nature théurgique, que devient-elle au sein du R.E.R. ? Pour Robert Amadou, la « Bienfaisance » était dans le cadre du Rectifié l’équivalent de la théurgie. Mais de quelle Bienfaisance parle-t-on ? De toute autre chose que de la charité ou du bien commun. Le « Bien faire », cet ajustement à l’intention originelle relève d’une subtilité remarquable de l’Esprit.

Jean-François Var, lui, évoque une forme de « mystique ».

« L’initiation est un moyen accordé par Dieu à l’homme pour réparer la chute de celui-ci. Mais seul le Christ, le Verbe incarné, unissant en Lui la nature divine et la nature humaine, en a le pouvoir. Donc, pour fonctionner, si l’on ose parler ainsi, l’initiation doit, de toute nécessité, être vécue comme un passage par le Christ pour faire retour à l’éternité, ou plutôt à l’Eternel. Car « nul ne va au Père que par Lui » (cf. Jean 14,6). S’il en est autrement, ou bien l’initiation est nulle, ou bien elle agit à rebours, et alors!…

Ainsi, l’identification initiatique à Hiram mort et ressuscité est bel et bien une identification au Christ mort et ressuscité. C’est donc réellement « l’identification à la divinité » dont nous parlions au début de ce travail, c’est une des voies de la déification.

Ici venus, ajoutons, car il s’impose, un avertissement important. L’identification au Christ mort et ressuscité opérée par la voie de l’initiation est une identification symbolique. Mais le symbole qui ne débouche pas sur la réalité plénière à laquelle il a fonction de faire accéder est un symbole mort. C’est une porte fermée, ou bien une porte factice. Donc cette identification symbolique doit être accompagnée et vivifiée par une identification réelle que seule procure la voie sacramentelle. L’initiation, pour agir par et dans le Christ exige le sacrement. »

L’initiation libère, y compris de l’initiation. Ce mouvement est bien présent dans l’expérience de l’auteur, mais parfois repris par les crispations théologiques. Cependant l’expérience, la longue expérience spirituelle de l’auteur est riche d’enseignement. C’est là sans doute le plus important, la rencontre entre l’auteur et le lecteur est une rencontre entre deux cherchants. C’est dans cette rencontre que la richesse initiatique peut apparaître au jour.

Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

mercredi 24 juillet 2013

Petite Clavicule du Roi Salomon


Lemegeton, la petite clavicule du Roi Salomon éditée et commentée par Fred MacParthy, Sesheta Publications.

Après Clavicula Salomonis. La Clavicule de Salomon d’après des Manuscrits des 17e et 18e siècles, Fred MacParthy poursuit son travail d’édition de grimoires.

Cet ouvrage est formé de quatre parties : Ars Goetia, l’art de la Goetie, Ars Theurgia-Goetia, l’art de la Théurgie-Goetie, Ars Paulina, l’art Paulin, Ars Almadel Salmonis. Selon les auteurs, un cinquième livre peut apparaître, intitulé Ars Nova (deux ou trois folios manuscrits) ou encore Ars Notaria pour désigner alors un ouvrage conséquent.

Si les manuscrits originaux de Clavicula Salomonis sont en français, ceux du Lemegeton sont en anglais. On ignore la signification du mot Lemegeton qui fut populaire sous ce titre à partir du XVIIème siècle. Si cet ouvrage fait référence dans le domaine de la magie salomonienne, il est surtout connu pour sa première partie qui traite de la Goétie. Cette partie traite de 72 esprits ou anges rebelles, voire déchus, à ne pas confondre avec les 72 puissances du Shem ha-Mephorash.

Dans sa présentation, Fred MacParthy pose plusieurs questions d’importance pour qui étudie ce type de manuscrits. Il invite à faire attention à la langue et aux contextes d’usage des mots qui peuvent prêter à confusion selon l’interprétation donnée. Il interroge la nature de ces « vibrations calculées » pour reprendre la terminologie d’Aleister Crowley et la notion fort mal comprise de Chaos, « soupe primordiale et originelle ayant précédé la création ». Il propose au lecteur de dépasser les lectures conditionnées et réductrices pour saisir les principes opérant à travers les lois qu’elles soient naturelles ou divines.

Les grimoires proposent des « langues » qui pour une grande part, échappent à notre entendement. Certains peuvent être porteurs de superstitions ridicules, d’autres, tout au contraire, présentent une véritable métaphysique.

Sesheta Publications, 2 bis rue Damiette, 76000 Rouen, France.

samedi 29 juin 2013

Vol de la bibliothèque de Robert Amadou



« Catherine Amadou et les trois enfants de Robert Amadou (conjoint survivant donataire et héritiers de R.A.) tiennent à vous informer que la Bibliothèque de Robert Amadou a fait l’objet d’un important vol (plus de 5000 livres, XVIe - XXIe siècles, des manuscrits).
Ils mettent en garde les amateurs sur l’origine frauduleuse des livres ou des papiers qui en proviendraient.
Cette origine frauduleuse étant d’ailleurs souvent ignorée des intermédiaires qui mettent en vente tel ouvrage dédicacé à R.A. par un grand nom de la littérature ou tel rare document d’archives d’un cercle martiniste de la Belle Epoque.
La famille met en ce moment en place un dispositif juridique pour faire valoir ses droits. »
 

samedi 22 juin 2013

Maître Philippe


Monsieur Philippe, l’Ami de Dieu par Serge Caillet, Editions Dervy.

On sait l’influence prépondérante du Maître Philippe sur les mouvements martinistes et au-delà sur la scène ésotérique européenne. Il a suscité bien des passions et fascine encore des mystiques comme des hermétistes.

Serge Caillet avait établi en l’an 2000, lors de la première édition de ce livre, un remarquable portrait, historique et dépassionné, basé sur les faits et les témoignages, permettant de mieux cerner la personnalité et l’œuvre du Maître. Cette seconde édition, très augmentée, s’appuie sur de nouveaux inédits et approfondit la première édition déjà excellente.

Exploitant plusieurs sources inédites, Serge Caillet tente de passer outre les clichés nombreux qui voilent une personnalité riche et complexe pour restituer l’histoire certes mouvementée mais toujours orientée d’un homme hors du commun. Cette biographie difficile permet de suivre l’itinéraire de Philippe depuis sa campagne natale et sa famille paysanne jusque dans les méandres politiciennes de la cour de Nicolas II ou d’autres monarques. Philippe ne cessera jamais d’être lui-même, un homme de Dieu soulageant la souffrance qu’elle soit physique ou spirituelle. Très probablement, cet homme ordinaire a été un extraordinaire imitateur de Jésus-Christ poussant à son stade ultime l’imitation de Jésus-Christ.

Dans son union avec le Christ, pécise Serge Caillet, Monsieur Philippe, qui se disait le chien du Berger et sur lequel, selon l’abbé Julio, reposait l’esprit de Dieu, a reproduit à sa façon l’image parfaite du Fils de Dieu devenu homme, il a atteint la ressemblance avec Dieu dans la ressemblance avec le Christ dont il était l’ami. Le Christ n’a-t-il pas proclamé : « Heureux les pauvres en esprit car ils verront Dieu. » ? »

Serge Caillet nous rappelle les propos de Sédir : « Sédir a merveilleusement évoqué son maître parmi Quelques amis de Dieu, où il ne craint pas d’avouer que M. Philippe lui est apparu « comme un de ces frères mystérieux du Seigneur, un des plus grands, le plus grands peut-être, des hérauts de l’Absolu ». A travers lui, il a « vu et touché les preuves expérimentales des promesses du Christ qui a dit un jour qu’Il donnerait à Ses Amis le pouvoir d’accomplir des miracles plus grands que les siens ; j’ai vu ses accomplissements ; le Christ a dit encore à Ses Amis qu’Il demeurerait avec eux jusqu’à la fin ; j’ai vu cette présence cachée. La vie de mon Inconnu n’est qu’une suite de telles preuves. » »

Serge Caillet illustre son propos de deux documents inédits : le carnet du Dr Gérard Encausse et un journal anonyme de comptes rendus de séances de guérisons et d’enseignements. Gérard Encausse, Papus, a relevé et classé des propos de Philippe dans un répertoire conservé aujourd’hui à la Bibliothèque Municipale de Lyon. Certains de ces propos, énigmatiques, sont particulièrement intéressants :

« Les disciplines qui tendent vers l’inertie, seront enfermés après le jugement, dans leur idéal pour 1500 ans. »

« Parler trop tôt ou enseigner à un être des vérités prématurées, c’est l’étioler, lui faire du mal, l’étioler de l’autre côté, ce qui est plus grave que de ce côté-ci. Car c’est de l’autre côté qu’on acquiert vraiment la lumière. Ici nous n’avons qu’à faire des efforts pour nous améliorer le coeur. Le reste nous sera donné. »

On trouve souvent dans les propos de Philippe une fausse naïveté qui peut surprendre, déranger parfois. Philippe a exprimé sa sagesse certaine avec la simplicité d’un homme de la terre, simplicité qui nous est largement étrangère. La plus grande partie de son enseignement fut comportementale, c’est pourquoi il est si difficile à l’historien de nous faire comprendre toute la profondeur de l’homme.

Ce livre comblera tous ceux qui se sentent proches du Maître Philippe. Il intéressera tous les martinistes soucieux de mieux connaître l’une des influences majeures qui s’exerça sur le mouvement initiatique auquel ils sont rattachés.

Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

mercredi 29 mai 2013

Clavicule de Salomon


Clavicula Salomonis. La Clavicule de Salomon d’après des Manuscrits des 17e et 18e siècles, éditée et commentée par Fred MacParthy, collection Grimoires, Sesheta Publications.

La Clavicule de Salomon (on parle souvent des clavicules) circula depuis le XVe siècle sous bien des versions, certaines divisées en deux parties, d’autres en quatre, certaines avec pentacles ou talismans, d’autres sans. Toutes sont dites « traduites de l’hébreu » mais ne peuvent être considérées comme référées strictement et rigoureusement à la kabbale ou même plus généralement aux sources hébraïques. L’influence de la kabbale chrétienne de la Renaissance semble par contre incontestable. Les erreurs ne manquent pas dans ces diverses versions, par exemple dans l’emploi des noms divins hébreux.

Cette nouvelle édition est basée sur plusieurs manuscrits français de la version du XVIe siècle, dite d’Abraham Colorno, qui fut un temps conservée à la Bibliothèque de l’Arsenal avant de rejoindre la Bibliothèque Nationale (BN 2348). Les sceaux, les caractères, les dessins, proviennent de ces manuscrits complétés par la version publiée par Samuel Liddel Mathers. Les pentacles sont issus d’un autre travail de Mathers publié sous le titre « The key of Salomon the King ». Fred MacParthy a corrigé les erreurs des éditions anciennes. Le lecteur trouvera en fin d’ouvrage les références des différents manuscrits et le lieu de leur conservation.

Cette version sera donc particulièrement intéressante pour ceux qui ont reçu la transmission de la Clavicule de Salomon ou qui, plus généralement, s’intéressent à la magie salomonienne.

Sesheta Publications, 2 bis rue Damiette, 76000 Rouen, France.

samedi 18 mai 2013

Maître Secret



Le Maître Secret ( III), ses prolongements, de Percy John Harvey, MdV Editeur.

Le premier volet de ce triptyque, consacré au premier et si important des hauts grades du Régime Ecossais Ancien et Accepté, étudiait le symbolisme du grade. Le deuxième volet explorait l’élévation à ce quatrième degré. Avec le troisième volet, Percy John Harvey s’intéresse aux prolongements d’un grade « qui peut être vu comme un degré d’introduction au cycle salomonien » en même temps que le premier des grades de Perfection. Son analyse porte donc sur le 5ème degré, Maître parfait, le 6ème, Secrétaire intime ou Maître Anglais, le 7ème, Prévôt et juge ou Maître Irlandais, et le 8ème, Intendant des Bâtiments ou Maître Irlandais des Trois Iod.

La structure de l’analyse basée notamment sur une iconographie choisie est la même pour les quatre grades : Le Discours Historique du grade ou le thème allégorique, la Loge, le Tableau de Loge, L’emblème du grade, les personnages, les décors, la cérémonie, la symbolique du grade, l’instruction. Comme dans les précédents volumes, Percy John Harvey évite les longs développements pour ne pointer que l’essentiel soit par les mots, soit par l’image. Il donne « à voir » pour donner « à penser ». Ici, la pédagogie ne tue pas l’esprit de queste.

MdV Editeur, 16 bd Saint-Germain, 75005 Paris, France.

vendredi 10 mai 2013

Hermétisme rosicrucien


Cent emblèmes sacrés ou emblèmes rosicruciens (1617-1674) par Daniel Cramer, Sesheta Publications.

          Publié pour la première fois en 1617, ce recueil portait le sous-titre Societas Jesus et Rosae Crucis Vera soit Vraie Société de Jésus et de la Rose-Croix, une manière de se démarquer de la Société de Jésus d’Ignace de Loyola que l’auteur attaqua par ailleurs. Mis au jour par Adam Mc Lean en 1991, ce recueil  est « typique des aspects ésotériques chrétiens de la Réforme, mélange de la foi des Rose-Croix de cette époque, du protestantisme et du piétisme alors en vogue ». La double dimension, mystique et alchimique, des emblèmes superbes rassemblés ici met en évidence l’alliance de l’art et de la grâce dans la réalisation du Grand-Œuvre.

 

Le Miroir de la Sagesse des Rose-Croix de Theophilus Schweighardt Constantiensem, Sesheta Publications.

          Ce Speculum Sophicum Rhodo-Stauroticum fut rédigé par Daniel Mögling, de son vrai nom, en 1617. Il fait partie du corpus rosicrucien du XVIIème siècle qui va bien au-delà des grands textes fondateurs connus de tous. Médecin et alchimiste, proche du Cercle de Tübingen, il fréquenta Johannes Valentin Andreae et Christoph Besold. Il semble être le premier à utiliser le terme de Pansophia dans une réplique, Rosa Florescens, à une attaque contre les Frères de la R.C..

          Le livre est un traité hermétiste très alchimique, et plus spécifiquement relatif aux alchimies métalliques, dans lequel l’auteur introduit les précieuses notions d’Ergon et de Parergon. Sa Pansophia Rhodo-Staurotique révèle quelques clés du travail opératif comme de la métaphysique rosicrucienne.

Sesheta Publications, 2 bis rue Damiette, 76000 Rouen, France.


 

samedi 4 mai 2013

Orient Eternel : Sebastiano Caracciolo


Sebastiano Carraciolo, Grand Hiérophante et Souverain Grand Maître du Grand Sanctuaire Adriatique et plus précisément de l’Antico e Primitivo Rito Orientale di Misraïm et Memphis nous a quittés pour l’Orient Eternel le 4 avril 2013.

 

Avec lui, c’est la génération des Robert Ambelain et Robert Amadou qui disparaît définitivement, de ceux qui ont poursuivi les travaux pendant la deuxième guerre mondiale et qui se sont battus leur vie durant pour une Franc-maçonnerie traditionnelle et hermétiste dans des contextes souvent hostiles. Il avait succédé à la Grande Hiérophanie du rite égyptien à de grandes figures de l'hermétisme italie : Marco Egidio Alegri, Ottavio Ulderico Zazio et Gastone Ventura.


 

Il est moins connu que Sebastiano Caracciolo était également le Grand Maître de l’Ordre Martiniste italien.

Il aura marqué de sa personnalité la vie de ces deux organisations traditionnelles essentielles sur la scène initiatique européenne. L’Ordre Martiniste italien est en effet l’un des seuls ordres martinistes ayant travaillé sans interruption depuis sa fondation à l’époque de Papus. Le Grand Sanctuaire Adriatique conserve pour mission la préservation et la transmission de l’Echelle de Naples. La succession de Sebastiano Caracciolo sera donc déterminante. Ces deux organisations peuvent, doivent, affirmer le caractère immuable de la Tradition dans un temps de confusion qui voit le profane cannibaliser le sacré.

Lien vers la revue du Grand Sanctuaire Adriatique consacrée à Sebastiano Caracciolo :

dimanche 28 avril 2013

Irène Mainguy, La Franc-maçonnerie clarifiée pour ses initiés. Sur les pas d'Oswald Wirth


La Franc-maçonnerie clarifiée pour ses initiés, le Maître par Irène Mainguy, Editions Dervy.

Après l’Apprenti et le Compagnon, Irène Mainguy achève, avec ce troisième volume consacré au Maître, sa trilogie inscrite dans les pas d’Oswald Wirth sous le titre La Franc-maçonnerie clarifiée pour ses initiés. Cette trilogie révisée de l’œuvre célèbre de Wirth, La Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes, constitue désormais une référence indispensable pour faire vivre les symboles et saisir l’opérativité de rites qui demeurent souvent incompris et non mis véritablement en œuvre.

Irène Mainguy a développé une analyse très fine des écrits d’Oswald Wirth afin de les enrichir par les apports nombreux des dernières décennies de la recherche maçonnique mais aussi par sa connaissance intime de l’initiation qui lui permet de mettre en évidence l’essentiel et d’éviter ainsi au chercheur des éparpillements tentateurs. Dans ce troisième livre, elle approfondit la symbolique du grade de Maître et ce qu’il met en jeu, de fondamental, dans la queste initiatique autour de la question philosophique, éthique et métaphysique que formule ainsi Georges Steiner : « Qui suis-je quand je meurs ? », avec bien sûr en fond, le thème de l’immortalité.

« La pleine possession de la maîtrise maçonnique n’est accessible qu’en vivant un rituel de mort. Celle-ci donne accès à la pérennité de l’esprit, à l’immortalité. Tout être est dans une parenthèse entre la naissance et la mort. Nul ne peut prétendre à une vie éternelle sans avoir préalablement et consciemment accepté de subir pour la surmonter la pourriture du corps et l’obscurité de la tombe. Lorsqu’il est dit que « la chair quitte les os », cela signifie que le voile des apparences a disparu, qui masquait la lumière de la réalité et de la vérité. Désormais seule subsiste la pérennité de l’être. (…)

Se libérer des apparences, c’est accéder à la pérennité de l’esprit et s’affranchir de toutes formes de servilité, d’obséquiosité, d’hypocrisie, de compromissions, d’orgueil du pouvoir, et des vanités de l’avoir. »

En quelques mots, Irène Mainguy inscrit la Franc-maçonnerie dans l’universalité des voies d’éveil, lui restituant tout son sens initiatique, perdu de vue par la majorité. S’extraire de l’avoir et du faire, s’affranchir de l’apparaître, reconnaître la nature vide du moi, simple objet dans la conscience, laisser libre la place pour l’être…

« La tombe d’Hiram, précise-t-elle, peut être considérée comme un athanor dans lequel s’accomplit l’œuvre alchimique. En alchimie, lorsque la phase de corruption est arrivée à son terme, elle libère le germe vivificateur et donne naissance à un nouvel être. »

La maîtrise devrait être une sagesse. Il n’est pas anodin de croiser Marc-Aurèle dans les pages de ce livre.

« L’approfondissement de la maîtrise passe avant tout par la connaissance de soi, ce qui nécessite de cerner et d’analyser la nature de ses conditionnements et les mobiles de son action. Cela demande d’être capable de se défaire de toute forme de partialité et de subjectivité pour être apte à tendre, en toute chose, vers une réelle objectivité.

Une authentique maîtrise de soi conduit à une libération de la pensée par une élévation de l’esprit vers la Lumière et la Vérité, ce qui perfectionne le comportement. C’est l’amour du Bien, du Beau, du Vrai et du Juste qui permet de progresser vers cette ineffable Lumière, celle de son maître intérieur, que chacun doit pouvoir trouver en soi.

Lawrence Hamilton considère qu’au grade d’apprenti, l’homme passe des ténèbres à la lumière : c’est créer. Au grade de compagnon, il apprend à se servir des instruments du travail matériel et moral : c’est diriger. Enfin au grade de maître, il applique la connaissance à sa propre perfection : c’est vivifier. »

Le travail rigoureux d’Irène Mainguy, qui sait laisser la place à la dimension poétique, c’est-à-dire créatrice, de la fonction initiatique, établit un dialogue fécond entre le rituel et la légende, ouvrant ainsi les espaces intérieurs que tout Franc-maçon est invité à explorer.

Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

vendredi 26 avril 2013

La Clé d'or de Jean-Marc Vivenza


La Clé d’or et autres écrits maçonniques de Jean-Marc Vivenza, Editions de l’Astronome.

L’édition de ce petit livre qui tient dans la poche et qui peut ainsi nous accompagner au jour le jour est l’occasion de s’éloigner des polémiques stériles des derniers mois qui secouent les différentes composantes du Régime Ecossais Rectifié, dont l’auteur est un acteur incontournable.

Cet ouvrage propose un ensemble de textes réunis par l’auteur comme un parcours initiatique aléatoire au sein du courant illuministe. Ces travaux sont avant tout pour le lecteur une source de questionnement et d’approfondissement de son rapport au divin en tant qu’homme de désir, de sa queste de la « Clé d’or de l’esprit ».

Dans son introduction, Jean-Marc Vivenza insiste sur la nécessité du silence, préalable à l’initiation et permanence de l’initiation :

« Ne l’oublions pas, avant que de nous immerger dans ces pages, le silence transcende comme la nuit toute image, il est le prélude à tout commencement et à tout aboutissement de l’œuvre, de même que l’oiseau qui prend son souffle et régénère sa vie avant le lever du soleil en est le symbole, il borne le chemin de la remontée à l’évidence, il est recueillement et attention, attente et écoute approfondie ; se donnant comme une « Présence », il est à la fois la source première et terre natale par excellence de la pensée essentielle, le fond originel d’où elle provient, nous donnant de comprendre pourquoi faut-il, pour qu’il puisse éclore en son retrait, que se déchire le voile qui le dérobe habituellement à notre conscience préoccupée par le monde. »

Et de citer Louis-Claude de Saint-Martin :

« Ce n’est que dans le calme de notre matière que notre pensée se plaît ; ce n’est que dans le calme de l’élémentaire que le supérieur agit. Ce n’est que dans le calme de notre pensée que notre cœur fait de véritables progrès ; ce n’est que dans le calme du supérieur que le divin se manifeste. »

Cette hiérarchie ascendante du calme, qui évoque une théophanie du Silence, est une indication précieuse de l’axialité dont nous ne saurions nous éloigner sans tomber dans le bruit dont Saint-Martin tenait à se garder.

L’interrogation ontologique des apparences, de l’Apparaître-même, est au coeur du propos développé par l’auteur. A partir de la question fondatrice que se pose l’être humain confronté à sa relativité, l’incertitude quant à son existence, la réalité de celle-ci, son sens éventuel, Jean-Marc Vivenza explore les possibilités qui s’offrent à nous pour accéder à une libération dont nous avons soif, peut-être par pressentiment, peut-être par une trop grande souffrance devant « un abîme troublant non comblé et irrémédiablement ouvert ». L’interrogation comme voie initiatique – Le cheminement spirituel – La nature des ténèbres – La « science de l’homme » par excellence – Voyez-vous tels que vous êtes – Misère de l’homme au monde – « Memento mori » - L’enseignement de la vertu – Faites place à « l’esprit » - La Clé d’or, titres des textes rassemblés, constituent une indication sur cette exploration à laquelle le lecteur est invité, une exploration qui peut être aussi entendue comme un « transport » :

« Revêtu de l’essentiel, comme l’affirme le Philosophe inconnu, l’homme est transporté dans le séjour de la lumière : « l’homme né pour l’esprit, ne peut jouir de l’esprit qu’en commençant à se faire esprit ; à cette fin, lorsqu’il est prêt, la sagesse le transporte dans le séjour de la lumière où il a pris son origine. »

Que nous délivre comme enseignement cet extraordinaire « transport » ?

Tout d’abord notre identité de nature avec l’esprit ; se faire esprit étant en fait se rendre peu à peu capable d’esprit.

Mais ce transport a pour vertu de nous révéler, également, un certain nombre de lois métaphysiques, dont une que nous pourrions désigner comme étant centrale et qui porte sur le sens profond de la vérité dans son déploiement. Ce transport d’une nature tout à fait surprenante, débouche en réalité sur une clé, une « Clé d’or » capable d’ouvrir la porte du mystère dissimulé depuis l’origine des choses, à savoir celui de notre véritable nature, notre origine première, l’identité essentielle qui nous fonde ontologiquement et en vérité, que nous avons à retrouver par la mise en œuvre du processus de réintégration. »

Cette clé, qui relève de « ce qui demeure », du non-temps, du non-duel, invite à une métaphysique du cœur, du centre, de l’intime, du lieu de la « Présence ».

Ce cheminement autour de la Clé d’or est enrichi de trois appendices, plus maçonniques dans la forme : De l’Être à l’ « Être Suprême »maçonnique – L’illuminisme et la Franc-maçonnerie – L’essence du christianisme transcendant, et d’un bref mais utile glossaire.

Éditions de l'Astronome, L'Étoile D, 9 avenue du général de Gaulle,74200 Thonon les bains, France.

dimanche 10 février 2013

Traité d'Or de la Pierre du Philosophe


Traité d’Or de la Pierre du Philosophe, Tractatus Aureus de Lapide Philosophorum par un Philosophe Anonyme 1652, présenté par Fred MacParthy, Sesheta Publications.
Henricus Madathanus, né à la fin du XVIème siècle ou au début du XVIIème fut un membre éminent de la Fraternitate Aureae et Roseae Crucis divisée en un ordre mineur, les Fratres Roseae Crucis, et un ordre majeur, alchimique et théurgique, les Fratres Aureae Crucis. Le traité publié aurait fait partie des instructions de l’ordre majeur. Il faut repris au XVIIIème siècle par l’Ordre des Rose-Croix d’Or d’Ancien Système pour l’ouvrage bien connu Les symboles secrets des rosicruciens du XVIIème et XVIIIème siècle. Le manuscrit original se trouve à la Bibliothèque Ritmann d’Amsterdam.
L’imaginaire du Jardin, « cher à la tradition rosicrucienne » précise Fred MacParthy, est très présent dans le Traité d’Or de la Pierre du Philosophe. Un second texte complète ce traité, intitulé Aureum Seculum Redivivum, Le siècle d’Or Restauré. « Les deux ouvrages, annonce Fred MacParthy, font ici le pendant, car l’un exprime la pratique et ses voies, tandis que l’autre, expose par l’allégorie, la voie employée par l’auteur. »
Le propos est pratique et classique de la tradition rosicrucienne. On retrouve procès, allégories et symboles dans d’autres textes de ce courant hermétiste majeur.
« Au Nom de Dieu, j’allais plus avant dans le jardin et trouvai en son milieu un petit jardin de forme carrée mesurant six perches sur chacun de ses côtés. Il était couvert de rosiers sauvages et les roses y fleurissaient merveilleusement. Et comme il avait plu un petit peu et que le soleil brillait, il y avait un bel arc-en-ciel.
Lorsque j’eus quitté le petit jardin et atteint l’endroit où je devais aider les jeunes filles, je remarquai qu’au lieu des murs il y avait une barrière entrelacée basse, et une très belle jeune fille vêtue de satin blanc traversa le jardin avec un splendide jeune homme, l’un guidant l’autre par le bras et portant plein de roses odorantes dans les mains. »
Sesheta Publications, 2 bis rue Damiette, 76000 Rouen, France.

dimanche 13 janvier 2013

Jean Phaure


Le cycle de l’humanité adamique de Jean Phaure, Editions Dervy.
Cette introduction monumentale à l’étude de la cyclologie traditionnelle et de la fin des temps, préfacée par Jacques d’Arès fut publiée il y a quatre décennies.
Le temps cyclique est un temps traditionnel. Il se différencie en ce sens au temps linéaire qui s’est imposé dans les modèles du temps monochroniques des sociétés industrialisées. Jean Phaure (1928-2002) a réalisé, nous dit Jacques d’Arès, « une ambitieuse synthèse de la tradition primordiale considérée dans son « devenir », permettant ainsi une remise en ordre métaphysique et traditionnelle de notions trop souvent éparses. ». Il faut noter les guillemets qui cernent le mot « devenir ». En effet la Tradition demeure, ni elle n’advient, ni elle ne devient mais notre rapport à la Tradition, forme verticale du rapport au savoir, est bien en mouvement. Jacques d’Arès insiste sur le fait que cette synthèse n’aurait pu aboutir sans le sens poétique de Jean Phaure : « Quand aux facultés de synthèse, bien que l’exemple ne puisse être érigé au rang de loi, je considère que Jean Phaure les tient de son tempérament de poète et d’artiste. L’intuition esthétique – cette Aisthésis célébrée par Paul Le Cour – est en effet indispensable pour compléter et affiner les résultats de l’analyse rationnelle. ».
Cet ouvrage « non conformiste » est articulé autour de plusieurs axes que dégage Jacques d’Arès dans sa préface :
-L’ordonnancement du cosmos selon des lois dont certaines échappent encore à la science mais pas à la tradition.
-Mythes, légendes et cosmogonies rendent compte du mouvement de l’humanité vers et à travers l’Esprit en quatre phases.
-Microcosme et macrocosme connaissent une organisation cyclique.
 
Le voyage initiatique à travers les cycles est pour Jean Phaure un voyage de l’avoir à l’être, soit de la dualité à la non-dualité.
Le travail de synthèse de Jean Phaure, obéit lui-même à une approche cyclologique. Il fut repris plusieurs fois afin de s’étoffer, s’enrichir, se préciser jusqu’à sa version finale. Guénonien éclairé, Jean Phaure fut aussi un proche de Paul Le Cour. Il emprunta le meilleur de René Guénon et de Paul Le Cour, deux styles et deux pensées très opposés, pour réaliser sa synthèse, rigueur et sens de l’enchantement. Il fut sans doute aussi influencé par Raoul Auclair, malheureusement oublié et Simone Weil. Poète et métaphysicien (il y a ici quelque chose du pléonasme), Jean Phaure a su se dégager des enfermements et des condamnations de René Guénon, pour ne pas rejeter la mystique. Son travail va aussi converger avec celui de Vlaicu Ionescu qu’il fera publier en France.
Dans toute étude cyclologique, il y a une dimension prophétique marquée par le risque de confusion. La prophétie ne doit pas être entendue comme prédiction mais comme plan inspiré, non comme annonce d’événement mais comme orientation vers une réalisation spirituelle. L’interprétation d’une cyclologie ne doit pas instituer une nouvelle causalité linéaire qui éloignerait du but et nous ferait retomber dans la lourdeur dualiste. La recherche d’un « âge d’or » commun à toutes les traditions, se perd dans les sens historique et temporel. Il s’agit d’accéder à un état permanent, hic et nunc. Finalement, une cyclologie est une pragmatique initiatique. Elle modifie notre rapport au Réel et vise à nous extraire des cercles illusoires de la représentation. C’est un appel au silence. Si le monde est une matière à travailler alchimiquement, il est porteur d’un entendement pour qui sait lire et voir à travers les cycles un processus de réintégration, réalisation, reconnaissance, de l’état originel et ultime.
A travers toutes les traditions et révélations, Jean Phaure dégage une structure unique de réalisation qui s’entend à la fois pour « son temps » et pour tous les temps. Il nous parle d’une permanence de l’être et il convient de ne pas l’oublier, le risque de superstition apocalyptique restant puissant comme nous avons pu le voir une fois de plus en 2012.
Cette réédition est donc bienvenue pour se réapproprier une dimension traditionnelle souvent malmenée. Le message synthétique de Jean Phaure met de fait le lecteur à distance et l’invite à une méta-analyse. Jacques d’Arès parle de ce livre comme d’un « plaidoyer pour l’Esprit ».
Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

samedi 5 janvier 2013

Les deux grandes colonnes de la Franc-maçonnerie


Les deux grandes colonnes de la Franc-maçonnerie par René Désaguliers, collection Renaissance Traditionnelle, Editions Dervy.
Ce texte de René Désaguliers, pseudonyme de René Guilly (1921-1992), fut publié pour la première fois en 1961. Après deux rééditions, il était devenu indisponible, une quatrième édition, enrichie, s’imposait. René Désaguliers révolutionna la recherche maçonnique historique en remontant aux sources les plus anciennes sans se contenter des commentaires plus ou moins appropriés. Son influence sur la recherche en histoire maçonnique fut considérable et permit de très nombreuses découvertes par des démarches rigoureuses. Une véritable école d’historiens prit naissance grâce à son travail exigeant.
Dans ce premier texte consacré aux colonnes, d’autres suivront, notamment sur les trois colonnes Force, Sagesse, Beauté, il pose la question de la place véritable des colonnes et des conséquences de leur inversion dans certains rites. Il semble que l’origine de l’inversion des colonnes se trouve dans l’usage fait initialement des noms Boaz et Jachin qui auraient pu être donnés ensemble au grade d’apprenti avant de qualifier différemment les deux premiers grades.
L’analyse de René Désaguliers vide de leur sens les querelles ésotériques sur la signification de l’emplacement des colonnes. Il invite à la prudence et au bannissement des jugements hâtifs :
« Tout d’abord, et c’est un point nullement négligeable mais dont nous ne tirerons aucune conclusion pour l’instant, l’élaboration du système occultiste construit autour des deux colonnes est très récente et son introduction dans la franc-maçonnerie paraît due avant tout à l’influence d’Oswald Wirth. Ce dernier, il est vrai, avait recueilli la tradition des auteurs occultistes français du XIXème siècle, et entre autres de J.M. Ragon. (…)
Il faut surtout observer que toute construction occultiste sur les deux colonnes aurait absolument exigé au préalable la mise au point définitive, celle que nous venons de tenter, du problème de la position des colonnes. Car, et c’est regrettable à beaucoup d’égards, la confusion qui règne sur ce sujet a gravement contaminé le système alchimique fondé sur les colonnes, dont il n’est pas exagéré de dire que désormais peu d’esprits s’y retrouvent. »
Enfin, René Désaguliers revient sur le sens des mots Boaz et Jachin et dénonce la tentation de la « laïcisation » du sens, rappelant « l’origine religieuse du symbolisme maçonnique ».
La clarification nécessaire qu’apporte ce travail permet de repenser le Temple et son opérativité sur des bases saines.
Editions Dervy, 19 rue Saint-Séverin, 75005 Paris, France.

mardi 1 janvier 2013

Hermétisme chrétien


La Véritable et Parfaite Préparation de la Pierre Philosophale enseignée à un amy par un Chevalier Rose-Croix, anonyme daté de 1642 présenté par Fred MacParthy, Sesheta Publications.
Ce texte fut publié à Breslau en Pologne en 1710 par Samuel Richter sous le nom de « Sincerus Renatus », protestant qui étudia longuement Paracelse et Boehme et influença Goethe par son hermétisme chrétien. Ses travaux alchimiques furent repris dans l’Ordre des Rose-Croix d’Or d’ancien Système. Samuel Richter dit ne pas être l’auteur de ce texte et en effet il existe une version manuscrite datée de 1642. C’est cette version plus ancienne qui est publiée ici, Samuel Richter ayant modifié le texte initial dans son édition. Ce texte fut également publié autour de 1660 par Nicolas de Locques (1638-1715).
Dans son introduction, Fred MacParthy aborde la question de l’évolution des anciennes fraternités Rose-Croix des XVIIème et XVIIIème siècles à travers l’évolution de leurs règles et aussi de leur rapport à l’alchimie et notamment de la question du rapport entre Dieu et la Nature.
Appelé aussi « l’ouvrage des Pauvres par rapport au peu de Dépense », titre significatif, le texte publié traite de l’opérativité aussi bien selon « la Voie des Anciens » que selon « la Voie des Modernes ».
Sesheta Publications, 2 bis rue Damiette, 76000 Rouen, France.