dimanche 28 octobre 2012

Le Miroir d'Isis, dix ans déjà


Le miroir d’Isis n°19, octobre 2012.
Sous la direction avisée de Clément Rosereau, Le Miroir d’Isis, qui vient de fêter ses dix ans, poursuit son oeuvre de Tradition.
Sommaire : Editorial CdL - Marsile Ficin et le chant orphique par C. de Laveleye - Y a-t-il quelque chose dans l’air? Par Eléonore d’Hooghvorst - Eloge de la légèreté par A. Charpentier - Lilith la rebelle de C. Van Gallebaert - De la foi parfaite selon saint Macaire par T. d’Oultremont - Quelques commentaires taoïstes selon Léon Wieger par C. Rosereau - Le dehors et le dedans de C. Rosereau -La doctrine des Pères de la tradition (6) par C. Froidebise - Le Cosmopolite à la lumière du Message Retrouvé par C. Rosereau - Coups de coeur du Miroir d’Isis : J. Kelen et A. Lepage par C. de Laveleye - Dessins inédits de Louis Cattiaux – Etc.
Nous reprenons ici quelques extraits de l’excellent et très complet travail de Claude Van Gallebaert consacré à Lilith :
« Lilith est souvent représentée sous la forme d’une femme-serpent, au corps couvert d’écailles. Parfois elle est assimilée au serpent de la Genèse, qui est aussi le serpent de l’Initiation et de la Connaissance. Lilith, l'« esprit rebelle », figure donc le modèle de l’Initiatrice, du serpent tellurique et aussi de la Grande Déesse Mère telle qu’elle fut adorée dans l’Egypte ancienne ou dans la religion minoenne, en Crète, jusqu’en 1500 avant J-C.
C’est d’ailleurs, on l’a vu, Bélial qui la surnomme « Celle qui savait », donc l’Initiatrice, celle qui a la Connaissance, la Gnose. Or Bélial est pour l’Eglise chrétienne le souvenir des cultes de l’Antiquité. On voit l’équation : Connaissance, Initiation, Gnose = Serpent, Bélial, Lilith (les forces démoniaques). (…)
Lilith représente les ténèbres, l’obscurité, le noir, la Lune, est entourée du même mystère que les Vierges Noires du Moyen Âge, qu’Isis, Kali, Sarah la noire ou Marie l’Egyptienne. Leurs lieux de cultes étaient d’ailleurs souvent établis sur l’emplacement d’anciens sites initiatiques : nous retrouvons là le lien qui unit les anciennes déesses de vie, de mort et de fécondité aux puissantes énergies associées aux forces telluriques, et donc à des cultes bien antérieurs au christianisme.
Sous un angle plus symbolique, ces personnages ou ces divinités sont les hiérophantes d’une science secrète. Le noir n’est-il pas la première couleur du Grand-Œuvre alchimique, représentant la phase de séparation et de dissolution de la matière ? Pour les alchimistes, ceci constitue une partie très délicate du Grand Œuvre : elle symbolise, entre autres, les épreuves de l’esprit se libérant des préjugés. »
Adresse : Le Miroir d’Isis, Clément Rosereau, 54 bis rue d’Angleterre, F-59870 Marchiennes, France.

Le Nombre créateur


Le Nombre créateur de Julien Behaeghel, MdV Editeur.

Julien Behaeghel nous fait plonger au cœur du symbolisme, à travers l’étude des nombres, le Dieu un, l’eau double, la divine triade, le carré « terre », l’homme-étoile, l’androgyne divin, le septénaire triomphant, le trône octogonal…
Se faisant, il introduit le lecteur dans un rapport opératif au symbole, rapport rarement saisi aujourd’hui :
« Le symbole est l’empreinte du Créateur et à ce titre le symbole est créateur. C’est pourquoi son importance est considérable pour ceux qui désirent connaître l’invisible (dans le sens de naître avec) ou le Grand Tout. Cette connaissance est en fait une communion ou mieux une eucharistie qui opère notre transsubstantiation. Il faut, comme les chrétiens, manger le symbole pour le devenir, c’est-à-dire le comprendre. »
Devenir symbole, l’intégrer totalement à notre vécu, le manifester consciemment, autant de manières de dire ce rapport opératif qui permet d’agir spirituellement et d’atteindre les dimensions métaphysiques ou imaginales du réel.
« Les symboles nous montrent la voie vers le retour à l’unité, vers le Dieu Un, dans et par le mariage des contraires, l’eau et le feu alchimiques, les deux triangles du sceau de Salomon, les Ténèbres et la Lumière à l’intersection de tous les temps. Ils nous permettent de reconstruire le monde d’avant-le-monde, de construire notre temple en devenant les quatre éléments que symbolise le dragon alchimique : l’Air de l’aile, le Feu de la flamme, l’Eau du poisson et la Terre du serpent. »
Il y a une très grande cohérence dans l’exposé réalisé par Julien Behaeghel. Les symboles, ressources inépuisables offrant une infinité d’interprétations emboitées dans la verticalité, dessinent les chemins initiatiques, indiquent les voies d’éveil, les constituent, les créent d’une certaine manière.
« L’essentiel, nous dit-il, est le voyage par et dans le symbole. Manger l’étoile nous fera voir la lumière, celle qui brille au fond du cœur, celle qui illumine et frappe l’œil pour lui révéler les merveilles indicibles de l’invisible.
C’est dans ce sens que le symbole est réellement créateur. Il détruit l’ancien monde pour recréer le nouveau en rassemblant les morceaux épars de l’unité éparpillée dans la multiplicité. Le symbole rassemble pour refaire l’unité ; l’unité première sans laquelle nous ne pouvons pas réintégrer la légèreté de l’Eden, retrouver la nudité de l’homme qui ne connaît pas la peur. La peur essentielle qui noue les tripes, qui paralyse l’être abusé par les mirages de l’illusion terrestre et matérialiste. »
Revenir au centre, se rappeler soi-même, s’extraire de l’accident qu’est le monde, il s’agit bien, par le symbole du retour à la conscience originelle et ultime mais Julien Behaeghel insiste sur la nature alogique du symbole qui lui permet de réunir au lieu de diviser, sur le caractère spiralaire du voyage initiatique vers le centre, sur l’imprévisibilité de la voie qui est aussi liberté. Que cela soit en étudiant la rose crucifiée ou la mandorle, Julien Behaeghel prend garde de ne pas figer le symbole dans une interprétation arrêtée. Il laisse vivre les paradoxes pour en préserver le caractère dynamique et opératif.
« Le symbole créateur nous permet de reconstruire le Ciel et la Terre, à l’exemple du moine tibétain qui, jour après jour, continue la genèse en dessinant son mandala.
Nous savons que le carré est obligatoire, que le manifesté commence par quatre, mais nous savons aussi qu’il nous est possible de sortir du carré, par la croix… c’est notre liberté. »
La séquence nombre-forme-temps, clé de la manifestation, dessine par renversement un chemin de retour à l’Un, à la Lumière et à la Beauté.
MdV Editeur, 16 bd Saint-Germain, 75005 Paris, France.

samedi 13 octobre 2012

Les Leçons de la Haute Magie


Les Leçons de la Haute Magie de Sarane Alexandrian, Editions Rafael de Surtis.
Deuxième livre posthume de Sarane Alexandrian, Les Leçons de Haute Magie viennent éclairer un aspect singulier de la personnalité riche et surprenante du second penseur du Surréalisme après André Breton. La pensée et l’œuvre de Sarane Alexandrian explorent toutes les dimensions de la psyché, à travers l’art et la littérature bien sûr, notamment d’avant-garde, mais également à travers l’érotologie, l’hermétisme et la philosophie occulte. Le choix d’une alternative nomade aux impasses de tous les conformismes ne pouvait que conduire Sarane Alexandrian à l’étude de pensées et praxis autres, constantes cependant de l’expérience humaine.
Les Leçons de Haute Magie font partie d’un ensemble, intitulées Idées pour un Art de Vivre dont elles forment le quatrième volet. Le premier volume, La Science de l’être traite des étapes de l’acheminement de l’être. Le deuxième, Le Spectre du langage, interroge la littérature, l’imaginaire et la poésie. Le troisième, Une et un font Tout aborde la question de la nature féminine, et des fantasmagories des rapports amoureux, question qui trouve son prolongement dans ce quatrième volume. Le cinquième, Court traité de métapolitique, s’intéresse aux travaux de Charles Fourier qui lui était cher, et pose les bases d’une politique transcendante. Le sixième, L’Art et le désir, est consacré à une esthétique ontologique et à une synthèse des arts.
Comme le remarque Christophe Dauphin dans son introduction, cette œuvre se trouve à la croisée de multiples influences, André Breton, Charles Fourier, Aleister Crowley, Cornélius Agrippa notamment mais elle est aussi  porteuse d’une profonde originalité. « Vérités nécessaires » ou « mensonges provoquant la rêverie », l’œuvre de Sarane Alexandrian veut éveiller au réel.
Il distingue non sans pertinence, ésotérisme, hermétisme et occultisme, même si ces distinctions sont parfois difficiles à établir, afin de poser les jalons d’un enseignement qui vise une structure absolue, un principe dégagé des surimpositions culturelles et personnelles. Les Leçons traitent de l’âme et de l’esprit, du monde occulte, de la métaphysique, de la phénoménologie des superstitions populaires, d’une ontologie de la mort, du Rêve de l’Erotisme Mystique de Joséphin Péladan et, enfin, du Livre des Rêves de Luc Dietrich. Les Leçons, apparemment disparates, constituent bien un ensemble cohérent, non destiné à rassurer le lecteur, mais plutôt à le constituer comme un libre aventurier de l’esprit.
On ne suivra pas Sarane Alexandrian sur son peu de considération pour Gurdjieff, son contre-sens, il est vrai courant, sur la quatrième voie, ou au contraire sa surestimation de Papus, certes excellent vulgarisateur et organisateur mais sans doute pas comme il l’avance « meilleur théoricien de l’occultisme qu’Eliphas Lévi ». On appréciera son analyse subtile de ce qui est en jeu dans la nécessité que connaît l’homme d’explorer, parfois avec maladresse, l’invisible, l’inconnu, l’indicible, le néant et la totalité. Le sens de la queste et son intransigeance ont pour corollaire une peur originelle qui pousse l’être humain à s’extraire des conditionnements, à s’affranchir des limites, à traverser, parfois sans ménagement, ce qui se présente, parfois au prix d’une vérité, parfois au prix d’un mensonge salutaire.
Son analyse de la sexualité transcendante de Péladan est très juste, même si Sarane Alexandrian n’arrive pas à discerner clairement entre magie sexuelle, sexualité magique et alchimie interne. Il montre comment Péladan, à travers différents livres, présente les voies de couples et les différentes étapes de celles-ci. Celui qui a « glorifié l’érotisme sacré » ne pouvait que trouver en Sarane Alexandrian un lecteur non seulement attentif et passionné mais capable de le comprendre. L’érotologie de Sarane Alexandrian, le « sceptique intégral » ou le « gnostique moderne » que l’on lit aujourd’hui, n’est pas éloignée de celle de Péladan, « premier représentant de la mystique érotique dans la littérature moderne » qu’on ne lit plus, malheureusement.
Les Leçons de Haute Magie introduisent à de nombreuses dimensions cachées de l’être. Elles témoignent également de la liberté de cet « homme remarquable », au sens le plus gurdjieffien qui soit, qui, en des temps hostiles, a osé traiter avec la distance nécessaire de sujets trop souvent tabous.
Editions Rafael de Surtis, 7 rue Saint-Michel, 81170 Cordes-sur-Ciel, France.

dimanche 7 octobre 2012

Archives de Jean-Baptiste Willermoz


Archives secrètes de la Franc-maçonnerie de Steel-maret, Editions Slatkine.
C’est une réédition attendue. Robert Amadou et Jean Saunier, qui nous ont quittés depuis, respectivement en 2006 et 1992, avaient préfacé cette réimpression de l’édition de Paris, 1893-1896. La première réimpression chez Slatkine date de 1985. Ils ont notamment identifiés les deux auteurs, Marius Boccart et Gervais Bouchet ou Elie Alta. Le volume rassemble une partie des archives de Jean-Baptiste Willermoz : des lettres et surtout des catéchismes et rituels du Régime Ecossais Rectifié dans leurs versions primitives.