samedi 15 août 2009

Nouvelles Instructions aux Hommes de Désir

Vous trouverez ci-dessous la présentation de deux ouvrages indispensables de Jean-Marc Vivenza, que l'on peut qualifier de Nouvelles Instructions aux Hommes de Désir :
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La « Sophia » et des divins mystères de Jean-Marc Vivenza, Editions Arma Artis.
« Il faut que dans l’opérant, comme dans nous, l’idée et le mot de chair et de sang soient abolis, c’est-à-dire qu’il faut que nous remontions, comme le Réparateur, à la région de l’élément pur qui a été notre corps primitif, et qui renferme enfin l’éternelle SOPHIE... »
Cette citation de Louis-Claude de Saint-Martin clôt le travail précieux de Jean-Marc Vivenza sur un sujet aussi essentiel que mal compris. Novalis, Pascal, Maître Eckhart, Jacob Boehme, Saint-Martin, sont quelques-uns des grands auteurs convoqués par Jean-Marc Vivenza, pour, au côté des grands textes sacrés, éclairer cette sagesse qui se refuse à la conscience duelle. Ce n’est que dans l’interne, selon Louis-Claude de Saint-Martin, dans la conscience non-duelle, que Sophia « s’exerce ».
Il est incontestable que Louis-Claude de Saint-Martin fut particulièrement à même d’approcher l’insaisissabilité de la Sagesse, une insaisissabilité qui est elle même Sagesse, et, non de l’exprimer, mais d’en évoquer subtilement la permanence et l’essence dans son oeuvre. Si Sophia tient une place centrale au coeur de la Tradition chrétienne et tout particulièrement de l’hermétisme chrétien, ce centre- là se découvre bien souvent dans les marges. Il est donc fort utile de poser quelques jalons afin de ne point se perdre. Jean-Marc Vivenza dans cet essai aussi érudit que subtil nous rappelle au secret même de la fonction du Nouvel Homme, secret que Saint-Martin a su clairement indiquer.
Une nouvelle fois, Jean-Marc Vivenza nous offre, après La Prière du coeur selon Louis-Claude de Saint-Martin dit le « Philosophe Inconnu », paru chez le même éditeur en 2007, une forte, profonde et belle leçon aux Hommes de désir.
Thèmes : La sagesse dans l’intimité originelle de Dieu – La Sagesse et le Verbe de Dieu – La présence de la Sophia chez les kabbalistes chrétiens de la Renaissance – La Sophia chez Jacob Boehme – La place de la Sophia au sein de la Sainte Trinité – Le Philosophe Inconnu et la Sophia – La prière du Nouvel Homme – Les mystères de l’éternelle Sophia.
Ne manquez pas ce livre qui, très certainement, aurait comblé Robert Amadou.
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La Prière du Cœur selon Louis-Claude de Saint-Martin par Jean-Marc Vivenza, Editions Arma Artis.
Nous savons la place essentielle que la prière du cœur tient dans le christianisme et dans le martinisme qui se veut une voie cardiaque. Ceux qui ont travaillé avec Robert Amadou savent combien il insistait sur cet aspect de la quête lié particulièrement au silence.
L’étude de Jean-Marc Vivenza éclaire particulièrement le rapport qu’entretenait Saint-Martin avec la prière, fort éloigné de celui du plus grand nombre, qui englue sa prière dans l’avoir et le faire.
« Saint-Martin, à ce stade de son discours, va aller jusqu’à employer une image d’une rare profondeur métaphysique, puisqu’il nous invite à devenir un « véritable rien », et ceci pour nous enjoindre à nous rendre conformes à la volonté de Dieu. L’expression peut surprendre, bien qu’elle soit d’un usage qui se rencontre assez régulièrement dans les écrits des mystiques, mais pourtant elle traduit parfaitement, chez le Philosophe Inconnu, le caractère propre de l’œuvre qui nous incombe, elle exprime, à merveille, l’état auquel nous devons aspirer pour nous permettre de recevoir Dieu en nous, pour lui faire place nette, lui offrir la totalité de l’espace dont nous disposons, pour le recevoir complètement et entièrement, afin qu’il puisse établir son séjour en notre intime et s’unir à nous. »
Jean-Marc Vivenza met en évidence la spécificité de la voie cardiaque, purifications préalables, présence, vide et « sublime abandon » :
« L’œuvre de prière pour Saint-Martin, comme nous le découvrons, est donc préalablement une voie d’anéantissement, car elle est, en son étonnante perspective, un chemin au bout duquel Dieu vient prier lui-même en nous, nous faisant passer de l’assujetissement face à la mort aux promesses de la résurrection. Accepter de se faire un « véritable rien », selon l’expression du Philosophe Inconnu, c’est permettre l’éclosion divine, c’est assister en soi à la transformation des éléments mortels en une substance d’immortalité. Voilà le véritable abandon, nous révèle Saint-Martin, voilà cet état où notre être est continuellement et secrètement amené de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, et si on ose dire, du néant à l’être ; passage qui nous emplit d’admiration, non seulement par sa douceur, mais bien plus encore parce que cette œuvre reste dans la main divine qui l’opère, et qu’heureusement pour nous, elle nous est incompréhensible, comme toutes les générations dans toutes les classes le sont aux êtres qui en sont les agents et les organes… ». »
Etude indispensable, le travail de Jean-Marc Vivenza affirme une nouvelle fois le véritable martinisme, voie d’éveil occidentale qui se peut vivre dans la même intensité et la même nudité que les grandes voies orientales.

Arma Artis, 26170 La Bégude de Mazenc, France.